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Les Planchettes à la une (fin)

J’étais remis dans le coup en raison d’un appel  téléphonique anonyme,  la même voix aigrelette que celle du message parvenu à la gendarmerie (Dites à vos amis gendarmes qu’ils font fausse route avec le maire, lui voulait seulement négocier, les trois autres ont tué Bébert et Quasimodo)

- C’est le même numéro, c’est une cabine téléphonique de Nantilly.

J’étais une fois de plus dans les locaux de la gendarmerie de Montclair.

- Je pourrais entendre à nouveau le message que vous aviez reçu ?

- Bien sûr.

-...La patronne du restaurant.

- Qui ? madame Gardelli, vous en êtes certain.

- Vous connaissiez le surnom de Casimir ?

- Quel surnom ? si une ou deux fois j’ai entendu parler de ‘patte folle’.

- Quasimodo.

- Jamais...Langlois, approchez.

-...Possible, des gosses...mais autrement...

- Un rapport entre Louis Prévot et madame Gardelli ?

- Que voulez-vous dire..., votre avis, Langlois ?

- Je ne sais pas tout...ma femme m’en aurait parlé, cela paraît tellement extraordinaire...mais pourquoi pas, Louis est sympa, encore bien pour son âge, et Marie-Jo Gardelli...oui, pourquoi pas. 

 

Louis Prévot était un admirateur de Victor Hugo, c’est lui qui avait affublé Casimir Bielinski du sobriquet de Quasimodo, mais il était le seul à l’utiliser...en plus de Marie-Josée Gardelli, sa maîtresse. La boîte de foie gras que Gisèle avait eu comme prime de Noël venait en droite ligne des réserves du restaurant. Les trois coups de téléphone avaient été envoyés un mardi, jour de fermeture de l’établissement, c’est Louis qui avait deviné ce qui s’était passé avec Bébert, son oreille experte avait entendu passer le véhicule du maire, le lundi soir, alors que son ex était avec lui, c’est encore lui qui avait entendu celui des frères Bassuet passer le lendemain soir et se diriger ver les quais.

 

Alexandre Bativier avouait qu’il avait négocié avec Robert Morel l’achat du bordereau gagnant, histoire de blanchir un petit pécule en sommeil, il avait appris la nouvelle par la bouche de Casimir qu’Inés avait involontairement averti.

Le capitaine Maupuits avait demandé à me rencontrer avant la déclaration officielle qu’il allait faire conjointement avec le juge, je le remerciais de sa délicate attention.

- Casimir avait des consignes, dès qu’il apprenait qu’un parieur avait gagné une somme importante, il devait prévenir Bativier.

- Mais le maire jouait aux courses ?

- Non, Jean-Luc l’un de ses fils, curieusement la veille c’est lui qui avait touché le quinté dans l’ordre, une somme minime en comparaison du rapport dominical...enfin il est supposé que c’était lui, ils avaient peut-être agi de la même façon avec le vrai gagnant, difficile à prouver.

- Les frères Bassuet ont voulu court-circuiter le maire mais sans contrepartie.

- Qu’un coup sur la tête.

- Mais comment étaient-ils au courant de la négociation, et pourquoi le maire n’était au rendez-vous à l’heure prévue ?

- Si, il était au rendez-vous à l’heure prévue, mais cette rencontre n’était pas fixée  près de la chapelle mais sur le parking du lycée agricole, c’est là qu’une autre oreille experte a entendu le tout-terrain du maire.

- Gisèle...habituée des circuits automobiles, mais qui avait dérouté Morel de la trajectoire prévue ?

- Bielinski sans doute, complice des Bassuet et du troisième larron...celui que nous avons épinglé le premier et qui a craché le morceau, lui n’était que le chauffeur dans l’affaire Morel, par contre il a les mains plus sales en ce qui concerne Bielinski, vu qu’il a touché au moteur de la voiturette.

- Descamps !

- Lui-même, ses comptes ont laissé apparaître une anomalie flagrante fin octobre, erreur fatale...le plus difficile a été de faire avouer les forestiers, des coriaces, à l’issue des aveux, l’un des deux, je ne sais plus lequel a déclaré que c’était illogique qu’un feignant empoche une grosse somme et que de toutes façons Morel allait dilapider sa fortune bêtement... vous allez vous régaler lors du procès...à part la première partie de cette histoire que vous devez oublier, vous avez de quoi écrire un roman.

- Ecrire un roman ? j’y pense...première partie, celle qui parle de l’élu ?

- Aucune charge contre lui, du moins sur le plan criminel, au niveau des magouilles financières, l’affaire nous échappe et...

- Elle sera étouffée.

- Possible, sauf si un juge veut se faire un peu de  publicité ce que j’encouragerais éventuellement...à défaut d’histoire de gros sous, il vous reste à parler d’une affaire passionnelle, l’épouse vengeresse qui blesse une rivale potentielle, voilà de quoi faire vibrer les cœurs sensibles de vos lecteurs et lectrices surtout ...savez-vous qu’en dehors du bon docteur, ces deux femmes ont un autre point commun ?

Le regard un peu ironique du capitaine m’interdisait de poser une question, la  méfiance de Martine à l’égard de Maud m’avait obligé à faire un retour en arrière et c’est vrai que les rares fois où j’avais rencontré la pétulante épouse du docteur Gauthier, elle m’avait fait des appels, ma candeur naturelle ne les avait pas décodés immédiatement... j’avais aussi découvert que la voiture qui me suivait d’un peu trop près quand je suis allé voir Carole, était à coup sûr pilotée par elle, le type du véhicule et l’immatriculation provisoire...en quel honneur cette filature ?  Quant à Carole, elle avait voulu connaître la nouvelle collection de mode présentée par Martine,  après cette visite, elle m’appelait, exprimant le désir de me revoir, mais ce n’était certainement pas pour me parler des robes et ensembles de la boutique, je lui faisais une promesse que je savais d’avance ne jamais tenir.

 

 



31/05/2012
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