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Le grand verger (suite)

Le bal du 31 décembre et le repas du réveillon à l'hôtel du Commerce attirent le gratin du canton, en opposition avec le bal populaire qui se déroule dans la salle des fêtes. C'est le tarif qui fait la sélection, seulement, je n'ai jamais eu le droit de participer ni à l'un ni à l'autre malgré mes tentatives. Cette fois, l'intervention des Durieux balayait les dernières réticences et je m'inscrivais à l'hôtel du Commerce.

Mes premiers pas sur la piste brillante et glissante sont tout justes acceptables, j'avais déjà dansotté dans des noces, sans plus. Ma première partenaire n'est autre que Brigitte Durieux, la jolie dame sait me guider habilement.

- Tu es doué pour le tango.

J'accepte le compliment mais la deuxième danse pratiquée avec Hélène est un véritable désastre, c'est une marche et effectivement je  marche surtout sur les pieds de ma cavalière.

- Tu es meilleur sur ta machine...et sur les canapés.

Un autre compliment qui cette fois n'est pas pure politesse et je suis flatté, la danse, je m'en moque éperdument.

Ma troisième tentative prend une tout autre tournure, c'est un slow et j'invite Isabelle. Je subodorais un refus, une telle danse pour une future sainte mais au contraire, elle se love dans mes bras. Un air connu et langoureux guide nos pas, nous survolons le plancher, j'éprouve beaucoup de plaisir, trop car je contrôle difficilement mes élans et serre la danseuse de très près. Isabelle me repousse sans brusquerie et nous quittons la piste, heureusement les danseurs sont nombreux et affairés, l'incident passe inaperçu, je sauve la face.

Je suis repu de danse, Hélène trouve un autre danseur nettement plus expérimenté que moi et je ressens une pointe de jalousie en les voyant s'amuser et rire. Le pire arrive lorsque Isabelle accepte l'invitation d'un grand escogriffe, c'est une valse, le contact des corps est rare et furtif ce qui atténue mon mécontentement. Tout de même, je suis surpris de voir la sainte prendre manifestement du plaisir à tournoyer comme une toupie. Je me sens humilié, dévalorisé, je me promets de prendre des cours de danse,  l'an prochain, je dois  rivaliser avec ces bellâtres.

 

Colère des chasseurs, Charles est leur interprète.

- Des vandales ont encore fracassé la serrure du chalet, une serrure toute neuve, nous allons mettre un cadenas solide. Je me demande ce qu'ils peuvent faire dans cette cabane, rien à boire, rien à manger, à croire qu'ils détruisent pour le plaisir.

Bien vu mon colonel de réserve, pour le plaisir.

 

Pâques et ses vacances arrivent et je suis heureux, la joie de passer deux semaines à Labréville, chez moi, dans ma campagne, de retrouver les miens et surtout Clémentine, mon adorable petite cousine. Revoir les jumelles aussi, un peu plus longuement que lors  des deux dimanches où nos retours coïncidaient et durant lesquels nous n'avions eu que des conversations.

- Hélène a déjà téléphoné, tu peux la rappeler, tu vois elle s'ennuyait de toi.

Effectivement la demoiselle voudrait reprendre les bonnes habitudes, avant cela, je dois répondre à l'invitation de Roger Durieux, il tient à me montrer les premiers équipements de la scierie.

Je passe plus d'une heure sur le chantier, le site se transforme, j'ai un petit pincement en le constatant, des souvenirs d'enfance qui s'effacent.

- Nous envisageons de fabriquer des produits semi-finis, parquets, merrains, débits sur liste, une plus-value et du personnel en plus.

Des grumes de chêne sont stockées, attendant l'installation de la scie.

- Ce sont des bois en surnombre provenant de notre scierie Ardennaise, nous avons beaucoup de hêtres à scier et cette essence ne supporte pas la chaleur,  alors que le chêne ne risque rien.

J'ai un rendez-vous chez le notaire en début d'après-midi, je préviens Hélène et lui demande de se tenir prête vers 17 heures.

- Je viens t'enlever pour te conduire dans mon donjon.

- D'accord mon beau chevalier.

 

Je suis à l'heure, ma princesse aussi, un petit baiser rapide et au grand galop vers le château.

- Tu as froid, tu gardes ton manteau !

- C'est vrai, il fait bon chez toi.

Et comment, j'ai chargé le fourneau du bas avec de bonnes bûches de charme, l'air chaud monte vers le deuxième.

 



12/01/2011
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