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Le grand verger (suite)

Oncle Charles mène les affaires de succession rondement, je suis évincé d'une réunion avec le notaire, réunion ayant lieu au château, maman a profité de la présence de cet homme de loi pour parler de mon émancipation et, quelques jours plus tard, nous sommes convoqués devant un juge. Je dois répondre à de nombreuses questions de toutes sortes, je subis un véritable interrogatoire auquel je m'efforce de répondre calmement et sérieusement. A l'issue de l'entretien, le magistrat me serre la main et me gratifie d'un «   au revoir monsieur Montcy »

Le nouveau maître du château s'offusque de cette initiative et explose en apprenant la décision favorable, c'est maman qui subit sa colère verbale et, la voyant perturbée, je vais demander des explications.

- Vous auriez du m'en parler avant, je suis tout de même concerné par ton avenir, viens dans le bureau de papa, nous pourrons parler plus librement.

J'ai droit à un discours tendant à me prouver que la fortune de la famille Montcy est en mauvais état.

- Papa a fait des placements financiers trop hasardeux, son portefeuille d'action a subi une érosion importante, quant à la ferme elle est peu rentable, nous devons confier la gérance à Vincent et Béatrice qui pourront investir dans la mécanisation, c'est devenu une nécessité, Vincent a un pécule et les prêts consentis aux jeunes sont facilités. Tu sais que nos forêts ont été pillées durant l'occupation, il faudra des années avant qu'une exploitation soit possible.

Les lamentations de Charles commencent à me taper  sur les nerfs, en ce qui concerne nos bois, grand-père m'avait dit que de nombreux hêtres et chênes sont arrivés à maturité, que le garde-forestier doit en marquer à l'automne, je sais que chaque vente rapporte une somme rondelette. En définitive, je crois que cet exposé pessimiste préparait la conclusion.

- Tu vois Olivier, il est préférable que tu ne réclames pas ta part de l'héritage, que tu laisses la totalité dans le patrimoine, fais moi confiance, de toutes façons tu seras gagnant. Je vais augmenter la rente que recevait ta maman et t'accorder de quoi être à l'aise à Nancy durant tes études, d'autre part, je te tiendrai au courant de toutes les transactions éventuelles et nous discuterons des  grosses dépenses ensemble.

 

Toute la famille est convoquée chez le notaire pour l'ouverture du testament et c'est la surprise, grand-père me lègue les immeubles et les terres du domaine, ainsi que la moitié des bois et ce à ma majorité s'il venait à décéder avant. Bien entendu, il n'avait pas prévu mon émancipation si bien que j'entre immédiatement en jouissance de tous ces biens. Le reste de la fortune, constitué de quatre maisons, d'une vingtaine d'hectares de champs épars loués à des agriculteurs du village, l'autre moitié des bois et les placements financiers sont répartis entre Charles, ma mère et Béatrice. Contrairement aux dires de mon oncle, le portefeuille d'actions est bien gonflé et c'est du solide affirme le notaire. Je ne fais aucune remarque sur ce sujet, le menteur est beau joueur, il me prend affectueusement par l'épaule en sortant de chez maître Henry.

- Papa a parfaitement agi, dans l'intérêt et la pérennité de ce domaine, Béatrice n'aura jamais d'enfant, c'est malheureusement une certitude, tout te serait revenu un jour ou l'autre ; concernant les actions, je n'avais que survolé le livre de comptes, effectivement, à part certains titres dévalués, d'autres sont en pleine ascension...ah! si seulement j'avais eu un fils.

 

Je récupère ma moto, bavarde souvent avec Béa de plus en plus sympathique avec moi tout en gardant ses distances, mes propositions de randonnées équestres ont été repoussées aimablement mais fermement, toutefois, je ne renonce pas à mon projet de conquête charnelle, j'attends patiemment mon heure. Nous nous mettons d'accord pour l'occupation de la tour, elle a envie d'une pièce bien à elle en attendant d'occuper le logement de grand-père.

- Si tu es d'accord, tu t'installes dans le bureau du troisième étage et moi j'aménage le deuxième.

Je prends donc possession du nid d'aigle de grand-père non sans une certaine fierté, pour le moment je n'ose rien déranger, l'impression que l'ancien maître des lieux va réapparaître dans l'embrasure de la porte.

Tante Alice me taquine un peu en me parlant de Nénette.

- Elle te trouve adorable mais un conseil, ne cherche plus à la rencontrer, laisse lui un bon souvenir.

Et Albert, et Maria? je les ai un peu oubliés ces deux-là, j'offre une nouvelle promenade à tante Alice.

- C'est une excellente idée, l'homme des bois va très bien, c'est vrai, j'ai oublié, il m'avait demandé de te remercier.

- Comment, tu le revois?

- Je l'ai revu une fois, le jour de l'enterrement de ton grand-père, il tenait à y assister.

- Tu plaisantes, je ne l'ai pas aperçu ce jour-là.

- Il s'est fait tout petit, encore plus petit que d'habitude, et puis il était difficile à reconnaître, à l'hôpital, sa barbe a été rasée, ses cheveux débroussaillés, c'est à la sortie du cimetière qu'il m'a accostée me faisant des compliments sur mon aspect, me trouvant toujours aussi séduisante.

- Il a bon goût.

- Veux-tu te taire vilain garçon, je me méfie de la flagornerie, elle cache des sentiments bassement humains, et dire que les femmes se laissent prendre à cette arme vieille comme le monde.



23/11/2010
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