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Le grand verger (suite)

- A demain, sauf si Albert lui revenir, moi bien contente si lui revenir, moi peur toute seule ici dans la forêt.

- Tu pourrais revenir au village provisoirement, je peux t’héberger, j’ai assez de place chez moi, je peux envoyer Lucien le boucher pour te prendre.

- Non, moi jamais revenir à Labréville, moi trop mauvais souvenirs, les gens tellement méchants.

……………………………….

Sans attendre d’être sous la voûte des arbres, alors que ma partenaire de traite est toujours aussi peu vêtue, je pose ma main sur son épaule, me colle à elle et fais glisser mes doigts le long d’une poitrine chaude et moite, rapidement j’atteins un bout de sein que je serre nerveusement.

Nénette se dégage d’un petit pas de côté.

- En voilà des manières, ce sont les tétons de la gaille qui te mettent dans cet état, quelle brutalité.

Je bafouille des excuses, je sens la rougeur envahir mon visage.

- Allez, je te pardonne, c’est naturel à ton âge,  il faudra que tu apprennes à maîtriser tes instincts, que tu sois moins fougueux si tu veux arriver à tes fins. Je sais, l’homme a des pulsions violentes mais sache que la femme a besoin d’être mise en condition, le désir féminin est plus profond, il faut le provoquer, c’est simple, le mâle a des réactions externes comme ses attributs, nous sommes à l’opposé, pigé gamin.

Son ‘gamin’ me déplaît, je suis prêt à lui prouver que j’ai passé l’âge de jouer au cerceau.

- J’ai de l’argent, je peux te payer.

- Voyez-vous ça, allez en route mauvaise troupe, ta chère maman va s’inquiéter, si elle savait que nous sommes ensemble elle tomberait dans les pommes.

- Tu connais ma mère?

- Comme n’importe quel habitant du village la connaît, ta famille ne laisse personne indifférent.

- Et tante Alice, vous êtes amies?

- Tu es trop jeune pour comprendre l’amitié qui peut se nouer entre des hommes ou des  femmes de conditions sociales différentes quand il y a le feu dans la maison, comme c’était le cas pendant l’occupation.

- Ne me dis pas que toi aussi tu as fait de la résistance.

- Et où étaient récoltés quelques renseignements importants? Les confidences sur l’oreiller ont toujours été les plus fiables, depuis la nuit des temps,... allez hop! je suis pressée jeune homme, j’ai du lait sur le feu.

Mon émoi est  toujours aussi vivace, pire, les révélations de Nénette me stimulent encore, je roule comme un cinglé sur le chemin, je me demande par quel miracle nous restons debout ;  le village est traversé à vive allure, une poule va se souvenir de mon passage, elle a perdu des plumes, un caneton imprudent n’aura plus jamais de souvenirs. J’arrive rue du Moulin et freine à mort devant la maisonnette de ma passagère.

- Entre dans la ruelle et planque ton engin derrière les troènes.

Je m’exécute... pendant je ne sais combien de temps, une seconde ou un siècle, je suis aux ordres de mon hôtesse, je vibre, je plane, je défaille de plaisir, c’est un bonheur fou, je suis dans un état second, tante Alice avait raison, dans la pratique de l’amour, rien ne vaut l’expérience.

Je n’arrive plus à me rhabiller, je tremble et bégaye.

- Et ma récompense?

Je fouille nerveusement dans la poche interne de ma combinaison.

- Laisse grand fou, je te fais marcher, tu m’as procuré un plaisir que j’avais oublié, celui de la fraîcheur naturelle, ton corps de jeune homme est une récompense, allez file, à demain même heure, téléphone à l’hôpital et demande aux toubibs de garder Albert encore quelques jours, j’ai besoin d’un certain genre de vacances.

 

L’euphorie dans laquelle je baigne ne dure que peu de temps, à mon arrivée dans la cour du château, je tombe sur un véritable comité d’accueil, la famille au grand complet est réunie dans la cour. Mon passage chez la belle Nénette a été éventé, ma moto a été repérée, un mouchard s’est empressé de venir colporter la nouvelle. Je suis mal à l’aise, je voudrais disparaître dans un trou de souris, même Polka II, la vieille chienne  me fait la tête.

Charles m’apostrophe durement.

- Ah te voilà enfin...nous t’attendions ...ton grand-père, un accident... dans l’escalier de la tour...à voir ta binette, tu étais déjà au courant.



05/11/2010
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