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Le bois des Grives (fin)

Je passe un coup de fil à Jean Calluis pour lui faire part du résultat de mes pérégrinations.

-Si vous réussissez, on peut dire que ce sera un miracle, une bonne fée s’est penchée sur moi, l’âme de Thérèse…

Je lui demande des renseignements concernant la carabine.

-Une arme allemande, de marque Mauser.

-Il a également subtilisé les cartouches adéquates ?

-Oui, il y en avait deux boites, il ne s’est pas trompé, ni pour l’une ni pour l’autre.

 

C’est le moment de mettre le boss dans le coup.

-Je sentais que tu allais me sortir une histoire de derrière les fagots, es-tu certain de ton affaire ?

-Pas encore à 100%.

-Carte blanche, si ton scénario est bon, un bon coup de pouce pour le tirage, les lecteurs aiment bien ce genre, autant ils se précipitent pour fustiger un accusé, prêts à le pendre haut et court, autant ils apprécient les  réhabilitations, les erreurs judiciaires ont toujours passionné les foules, comme l’affaire du courrier de Lyon.

Il y avait longtemps que monsieur Magnien n’avait évoqué cette affaire qui, pour lui reste un modèle du genre, allez savoir pourquoi alors que bien d’autres sont aussi connues et surtout plus récentes.

 

Le fil conducteur était bien la carabine, en perquisitionnant au domicile de Couturier, les policiers de Grenoble découvraient un petit arsenal dont la Mauser. Contacté par téléphone, Jean Calluis décrivait son arme qui avait une particularité, deux petites entailles avaient été faites sur la crosse, probablement par le militaire détenteur de l’arme pendant la guerre.

Le fait que Couturier soit en prison facilitait l’interrogatoire, il avouait avoir tiré sur Gauthier de Verlimont, mais sa version était un peu différente que celle que j’avais imaginée. Il avait en effet été commandité par Gauthier afin de supprimer Norbert, le maire avait eu l’idée machiavélique de voler une arme à Jean Calluis pour lui faire endosser le crime, Couturier lui ayant parlé des fusils.

Quand il est arrivé en forêt, le tueur avait pris sa décision, ayant dit-il des sentiments d’amitié envers Norbert, il a choisi de supprimer son grand frère, un être malfaisant affirme-t-il, ce n’était donc pas une méprise sur la personne. Pour une fois, Gauthier de Verlimont avait commis une erreur en payant le contrat avant son exécution, il tenait à ce que Couturier disparaisse aussitôt afin d’échapper à l’interrogatoire des enquêteurs, de crainte qu’il ne sache se défendre. Cette version avait peut-être été suggérée par son avocat, espérant ainsi un verdict moins sévère lors du procès, cela reste le mystère.

Durant l’audience, Couturier a craqué, expliquant que depuis ce geste fatal, il était mal dans sa peau, qu’il avait des remords non pas d’avoir tué Gauthier mais qu’il pensait sans cesse au calvaire enduré par Jean, Thérèse et Jeannette, il avait ajouté qu’il avait été trop lâche pour dire la vérité, une confession un peu tardive qui n’a pas apitoyé les jurés, le procureur avait demandé au moins dix-huit ans, il a été suivi.  

 

Martine et moi étions invités au mariage de Jeannette et de Romain, le fils de l’éditeur, employeur de la jeune femme. C’est avec une grande émotion partagée par tous les présents que Jean Calluis et sa fille entraient ensemble à l’église paroissiale de St André, Norbert et sa mère avait mis le parc et une partie du château à la disposition des jeunes mariés. Comme cadeau de mariage, l’artiste avait offert l’une des plus  belles  pièces de sa galerie, une statuette en bronze représentant d’après lui, deux cœurs enlacés, il fallait faire un effort d’imagination pour le croire.

 

 

 

 

 

 

 



16/02/2012
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