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Je m’y attendais, le patron n’était pas heureux.

-Tu t’es fait doubler par ces vautours, mais d’où tiennent-ils cette information ?

Les moyens qu’ils emploient ne me sont pas permis, le boss le sait et tient à respecter une certaine déontologie.

-L’entourage proche, femme de ménage éventuellement, voisins curieux.

J’imagine que le commissaire Simon est lui aussi au courant, je sais où trouver Eric, au bar de la Poste au moment de l’apéro.

-C’est Jean-Pierre qui a reçu madame Legrand, elle porte plainte contre l’hebdo, comme d’habitude, je ne t’ai rien dit mais tu devrais faire au tour au commissariat, parler avec mon chef.

Je retiens la suggestion de l’inspecteur, Simon accepte de me recevoir.

-Vous avez lu comme moi les allusions d’une certaine presse.

-Allusions un peu calomnieuses il me semble ?

-Oui, ils sont malins, la dame désirait porter plainte, je lui ai déconseillé, elle n’aurait pas gain de cause.

-Oui mais les lecteurs…

-Je sais… à part ça, nous avançons doucement mais surement, concernant le cambriolage, la femme de ménage a la vue basse, nous avons demandé à l’ex-femme de Vernet de faire un inventaire, il manque des objets de valeur d’après elle, des statuettes anciennes, des bijoux en or, une bague en diamant et une collection de pièces anciennes.

-Il avait peut-être vendu ces objets depuis son divorce ?

-Non, la femme de ménage a confirmé, la première fois elle était tellement choquée par la mort de son patron, c’est bien un spécialiste du genre qui connaissait ces trésors et son intrusion la nuit du meurtre est une coïncidence.

 -Vous n’avez rien d’autre à m’apprendre ?

-C’est mon jour de bonté, nous avons retrouvé un témoin qui a aperçu le véhicule de la victime environ une demi-heure avant sa mort, un ancien employé de la société, il a bien reconnu la voiture mais il a des doutes concernant le chauffeur.

-Ce qui pourrait laisser supposer que le promoteur a été révolvérisé ailleurs que dans les locaux de la société et transporté dans son véhicule.

-C’est une éventualité, nous allons passer la voiture de la victime au peigne fin dans la recherche d’indices.

-Et si les visiteurs de l’appartement croyant la maison vide avaient été surpris par le propriétaire, il sort son révolver mais il est désarmé et abattu.

-Vous voulez prendre ma place…nous avons eu la même réflexion, nous tiendrons la presse au courant de l’avancement de l’enquête.

Le commissaire Simon se lève, j’ai compris, l’entretien est terminé.

J’ai d’autres sujets à traiter, cela me permet d’attendre les infos de la PJ, seulement ce n’est pas du goût du patron, monsieur Magnien.

-Tu sais combien l’affaire Vernet passionne nos lecteurs, débrouille-toi pour trouver de quoi les tenir en haleine, si tu comptes sur tes amis policiers…

Je rencontre plusieurs connaissances de Jacky Vernet, tous sont unanimes, il avait changé.

-Depuis environ deux ans qu’il n’avait plus le même comportement, avant je le voyais chaque semaine au bar Rivoli, il ne venait plus que rarement.

Un autre avait constaté aussi un changement.

-Ce n’était plus le même, moins bringueur, moins joueur, moins dragueur, à mon avis, il y avait une femme là-dessous, il était peut-être tombé  réellement amoureux.

Deux ans, c’est-à-dire depuis que Sophie est employée dans sa société, Sylvain Raguet et les employés ont remarqué que leur patron avait un comportement inhabituel avec sa nouvelle secrétaire, alors qu’avec les précédentes, il se montrait entreprenant sans se dissimuler, avec Sophie il gardait ses distances. Tout de même, l’une des voitures de Vernet était parfois stationnée le soir dans les environs de l’appartement de la jeune fille.