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Le bois des Grives

C’est bien d’avoir des amis un peu partout dans la profession, Jean-Louis est journaliste au Dauphiné Libéré, je lui demande de faire des recherches sur un certain André-Maurice Couturier.

-Puisque ce monsieur est connu des services de police, cela devrait être facile de le situer, je te tiens au courant. 

 

Je dois chercher les raisons qui auraient poussé Couturier à supprimer son patron si la commande n’émanait pas de Norbert, une version à laquelle je crois de moins en moins. Une visite au château pourrait m’apporter quelques lumières, l’artiste sera heureux de revoir l’un de ses « admirateurs ».

 

En effet, je suis bien reçu.

-Alors monsieur Passy, vous avez trouvé une place pour mon œuvre, elle plait à madame ?

Je suis bien embarrassé.

-Votre sculpture va voyager dans la maison, c’est l’habitude de ma compagne de déplacer régulièrement les objets et même parfois les meubles.

-Les femmes n’ont pas les mêmes réactions que nous…Je m’en rends compte dans le comportement des employées qui sont passées chez nous.

-Vous en avez eu tant que cela.

-Elles ne restaient pas longtemps quand mon frère était le patron, depuis sa disparition, nous avons toujours le même couple, la femme fait le ménage et la cuisine, l’homme s’occupe des bois, du parc et des jardins, nous en sommes satisfaits.

-Vous n’êtes pas seul ?

-Ma mère vit encore, mais elle ne sort que rarement, un peu dans le parc quand il fait beau mais pas trop chaud.

-Elle a été affectée par le drame, je suppose.

-Elle n’exprime pas, mais je pense qu’elle a éprouvé les mêmes sentiments que moi, en plus elle est très croyante et les dérives de Gauthier lui étaient insupportables, surtout son comportement envers les femmes, vous en avez entendu parler.

-Vaguement, notamment concernant l’épouse de Jean Calluis.

-Thérèse ! Elle a résisté, il l’a mise à la porte.

-Mais il a gardé son cousin.

Voilà où je voulais en venir, j’attends la réaction de Norbert.

-Qui se ressemble s’assemble, et pourtant ils étaient tellement différents l’un de l’autre et finalement tellement proches à la fois, Gautier était un raffiné dans ses actions coupables, Maurice Couturier était un primitif, le coup de poing facile, ils se compétaient parfaitement, la tête et les bras.

-Lors de la chasse fatale, Couturier vous accompagnait ?

-Je suppose qu’il était parmi les rabatteurs, dans son un rôle de subalterne ou plutôt de larbin.

-Qu’avez pensé de sa disparition aussitôt l’annonce de la mort de votre frère.

-Sans son protecteur, il ne se sentait plus en sécurité, il avait accompli quelques basses besognes et il risquait de prendre des mauvais coups, la rancune est tenace dans nos campagnes.

-Vous souvenez-vous des autres hommes qui rabattaient le gibier ce fameux jour ?

-Des habitués, donc certains continuent, nous avons loué notre chasse à une société reconstituée sur les cendres de celle que présidait Gauthier.

-Vous pouvez me donner des noms ?

-Je me demande où vous voulez en venir, si vous me le disiez, ce serait plus simple.

Norbert a raison, je suis de moins en moins persuadé qu’il est dans le coup, ses rapports avec Maurice Couturier n’étaient pas bons, j’explique les causes de ma démarche.

-Je comprends mieux maintenant, votre version est plausible et j’aimerais qu’elle soit réelle, malheureusement pour la famille Calluis, le mal est fait, mais pour sa fille, savoir que son père est innocent conforterait son intime conviction.

-Vous connaissez Jeannette Calluis ?

-Elle est venue à l’une de mes expositions, c’était à Nice, j’étais surpris de la rencontrer si loin de St André, elle était en vacances, elle ressemble beaucoup à sa maman, j’étais ému, c’est une jeune femme charmante et intelligente, nous nous sommes revus depuis, lors d’une exposition à Valizey et plusieurs fois au cours de manifestations locales… Pour les rabatteurs, le mieux c’est de voir l’ancien garde-forestier du secteur, c’est lui qui les dirigeait, il habite toujours dans la maison forestière de la Fontaine-aux-Charmes, un peu à l’écart de la route de Valizey, à l’orée de la forêt, il y a un panneau indicateur, il s’appelle Albert Moreaux, vous pouvez lui dire que vous venez de ma part, mieux, je vais lui téléphoner pour l’avertir, c’est un homme tellement méfiant.



06/02/2012
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