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Le Bois aux Loups

Un tel déplacement pour un suicide est étonnant, y aurait-il des soupçons de crime, c'est vrai que les femmes se donnent rarement la mort par pendaison, elles utilisent plutôt les barbituriques ou la noyade.

Je communique les premières informations recueillies à ma rédaction en signalant la présence de l'officier mais en ajoutant que cette présence était peut-être due à la personnalité de la victime.

J'attendais le départ de l'officier pour essayer de rencontrer l'adjudant, connaître éventuellement les premières conclusions.

-C'était bien la voiture de madame Mancini.

-Oui, malheureusement.

Je posais quelques questions.

-Rien de plus pour le moment monsieur Passy, le corps va être examiné par un légiste, Gilles Mancini a été prévenu par l'un de nos hommes, il était à son dépôt, vous imaginez le choc, pourquoi la venue du capitaine Allard ? Je ne peux vous le dire.

-Quelques doutes sur le suicide je suppose?

-N'insistez pas, nous tiendrons la presse au courant si des indices viennent étayer nos suppositions.

C'est l'effervescence dans Charville, au café des Pêcheurs, les discussions sont animées, en dehors de quelques avis fantaisistes, la vengeance d'une rivale ou celle d'un amant évincé est le plus souvent évoquée, personne ne croit au suicide. 

-Elle avait tout pour elle, quand elle jetait son dévolu sur un homme, elle arrivait toujours à ses fins mais ça ne durait jamais longtemps, elle larguait ses amants vite fait bien fait.

Le nom d'Yves Bartin revient aussi dans les conversations.

-C'était plus sérieux.

Je passe devant le Select, le coupé blanc de Boquet n'est pas là.

 

Je monte chez Carole, elle avait appris la nouvelle, sa réaction est curieuse.

-Je suis contente qu'elle ne soit pas morte dans notre bois, je n'aurai plus osé m'y promener.

-Pourquoi, vous y allez maintenant.

-Depuis notre sortie avec monsieur Salvati, j'ai pris goût aux promenades sylvestres, quelle paix au milieu de ces arbres parfois plus que centenaires, quand je rentre à la maison, je suis apaisée.

 

Huit jours se sont écoulés depuis la découverte de Marlène Mancini, et toujours rien de nouveau, mes demandes téléphoniques à la gendarmerie sont vaines, l'adjudant est toujours aussi évasif.

-C'est mon chef qui dirige l'enquête, il tient à la discrétion, patience.

Je reviens à Charville, cherche à rencontrer l'un des pompiers présent dans le Bois-aux-Loups, je sais que l'un deux est patron d'un petit garage à la sortie de la ville, je prétexte une mauvaise carburation pour le rencontrer.

-Un problème d'essence certainement, je vois ça tout de suite…J'ai déjà décroché des pendus mais là, je ne vous dis pas, je fais encore des cauchemars, une si jolie poupée…Ce qui nous a surpris c'est qu'elle était en jupe, bien coiffée et maquillée, comme le disait un collègue, elle voulait être en beauté pour se présenter devant Saint Pierre…Enfin je plaisante mais je vous jure, ça fait un sacré choc.

-Aucune lettre dans sa voiture pour expliquer son geste fatal.

-Pas à ma connaissance, les gendarmes en auraient parlé, son sac à main était posé à la place du passager, les clés de sa bagnole à côté.

 

Enfin, tout arrive, je reçois un coup de fil de l'adjudant Simon.

-Vous avez la primeur, madame Mancini a été étranglée avant d'être pendue, l'examen est formel, ne me demandez pas comment les légistes sont arrivés à de telles conclusions.

-Je peux venir à Charville ?

-Vous allez être convoqué, comme vos chers collègues, demain matin, à dix heures, devant la gendarmerie le capitaine Allard informera les médias.  



22/06/2012
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