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Le Bois aux Loups

Je consulte les articles de la Gazette Républicaine relatant l’accident d’Yves Bartin, Romain, mon collègue des sports avait retracé sa prestigieuse carrière, un palmarès élogieux, j’avais plutôt parlé de l’homme, de ses engagements dans plusieurs causes humanitaires. Concernant l’accident, j’avais, entre autre, reproduit le rapport de l’expert où il affirmait en effet que l’installation était conforme aux normes. Et pourtant le disjoncteur ne s’était pas déclenché, ce qui aurait probablement sauvé Yves.

 

Pierre Salvati, directeur d’une scierie à Sercourt était d’accord pour venir au Bois-du-Loup afin de juger du vol éventuel de bois. Je lui donnais rendez-vous sur un parking de Charville, situé au-delà du pont.

-Merci d’avoir accepté.

-Vous voulez rire, je vous dois bien plus qu’une simple balade dans les bois, vous avez pris vos bottes ?

Je n’avais pas oublié.

Normalement Christophe devait nous accompagner mais sa direction l’avait appelé pour préparer son prochain séjour au Venezuela.

-Passez voir Carole, elle vous donnera le plan, m’avait-il recommandé.

 

Carole nous attendait, je ne la reconnais pas, elle est en pantalon, chaussée de bottes, un corsage bien ajusté et les cheveux noués en queue de cheval.

-Vous m’acceptez dans votre promenade, j’aimerais connaître les limites de notre propriété, et puis j’ai envie de prendre l’air par ce beau temps.

Monsieur Salvati regarde le plan rapidement.

-Je vois, quand je viens une fois dans un endroit, l’itinéraire est inscrit dans ma mémoire, c’est indispensable en forêt.

-Vous êtes déjà venu ici?

-Oui en 91, après le passage d’une tempête, pour estimer des bois abattus appartenant aux domaines, je ne les ai pas achetés, le prix annoncé était trop élevé, à l’époque, j’ai eu affaire à l’agent des eaux et forêts du secteur, monsieur Roland.

-C’est ce monsieur qu’Yves avait rencontré lors de son retour en France, c’était lui qui nous avait conseillé l’achat du Bois-aux-Loups.

-Un agent en fin de carrière, un peu dépassé par le progrès, tout de même plus consciencieux que le jeune qui gère le secteur actuellement, il sait tout en théorie, il est toujours derrière son ordinateur, dans nos métiers du bois, il faut bouger, crapahuter dans la forêt.

-C’est celui qui nous s’est moqué de nous quand nous avons soupçonné un vol.

 

Nous redescendons vers le village et prenons un chemin rural longeant la rivière, l’endroit est agréable.

-Nous avons bien choisi notre jour.

Carole semble heureuse de cette balade.

Cette fois nous pénétrons dans la forêt, le chemin forestier est humide, plusieurs passage sont bourbeux, heureusement, le scieur a pris son 4/4.

Notre chauffeur s’arrête et consulte le plan.

-A gauche, c’est chez vous madame Bartin, sur cinquante à soixante mètres, la forêt domaniale est à droite et remonte derrière vers la colline, il doit y avoir aussi quelques bois privés dans le secteur, surtout des sapinières.

-Qui vous avait acheté les bois endommagés ?

-Une scierie d’Oréville, la société Godot.

-Je vois, elle est fermée depuis le début de l’année, son matériel était désuet, Godet n’avait pas les moyens de le renouveler, les investissements sont de plus en plus lourds dans notre profession.



08/06/2012
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