Le Bois aux Loups
Je suis largement en avance à Charville, c’est jour de marché et les conversations sont focalisées sur le drame qui touche à nouveau la ville, je glane quelques réflexions.
-Après Yves, c’est Marlène, qui sera le prochain ou la prochaine.
Certaines personnes n’hésitent pas à accuser Boquet, elles ont trouvé un motif valable.
-Elle en avait marre de ce frisé, il n’a pas supporté, pour le footballeur c’est lui aussi, la jalousie.
Le capitaine Allard confirme le crime.
-Elle a été étranglée une heure avant d’être pendue, elle avait eu un rapport sexuel et elle avait consommé une petite quantité d’alcool.
Nous n’en saurons pas plus, à la question d’un viol éventuel, l’officier est évasif.
-Ce n’est pas exclu.
Les ragots concernant Boquet étaient démentis par le capitaine.
-Le chauffeur du couple Mancini est hors de cause, son alibi a été vérifié.
Justement, j’aimerais savoir ce que pense Boquet, sa voiture est devant le Select, j’entre dans le bar.
Comme la dernière fois, il est au comptoir et il bavarde avec la barmaid.
-Alors du nouveau ?
-Vous le saurez demain en lisant le journal.
-Ou à midi à la télé régionale.
-Vous avez été interrogé ?
-En priorité naturellement, heureusement j’avais un alibi en béton, j’étais à l’enterrement d’un oncle à Avignon, même avec une fusée je ne pouvais être à Charville à l’heure du crime, un grand merci au brave tonton, il est mort au bon moment, il m’a épargné bien des emmerdes.
-Je suppose que les gendarmes vous ont demandé votre avis sur l’identité de l’assassin, vous qui étiez proche de la victime ?
-Et bien non figurez-vous, j’étais étonné, d’ailleurs j’aurais été embarrassé, accusé Pierre ou Paul sans preuve.
-Je ne pensais pas que votre patronne avait une vie aussi tourmentée.
-Tourmentée, c’est le mot, malgré sa beauté et peut-être à cause de sa beauté, elle était malheureuse, Gilles est surtout occupé par ses affaires, il l’a négligée, une jolie plante comme Marlène a besoin d’une présence constante.
-Vous étiez là.
Patrice Boquet réagit.
-N’écoutez pas les jaloux, ce n’était pas mon intérêt de coucher avec elle, j’ai une place en or, je suis fidèle à mon patron et à ma compagne.
-Parmi ses amants, il y a bien eu Yves Bartin ?
-Oui, c’est peut-être la liaison qui a duré le plus longtemps.
-Et qui s’est terminée dramatiquement.
-Détrompez-vous quand Yves a eu son accident, ils avaient rompu depuis au moins trois mois.
-Et le suivant ?
-Un éphémère comme je les appelais, un gars sans envergure, un inconstant, je me demande ce qu’elle lui trouvait.
-Un Charvillais ?
-Oui, l’un des rares.
-Un électricien ?
-Oui, alors pourquoi votre question, vous savez qui, alors lui son alibi est encore plus solide que le mien.
-Il est au Liban !
-Vous savez tout, vous êtes journaliste ou concierge.
-Pourquoi me suiviez-vous ?
Boquet bredouille.
-Pour m’amuser, par curiosité, vous alliez souvent chez Carole, je voulais savoir ce que vous mijotiez tous les deux.
-Carole vous intéresse ?
-Il fut un temps, quand son mari fréquentait ma patronne, je n’étais pas encore en ménage avec Virginie.
-Votre sœur travaillait chez les Bartin.
-Brigitte ? Elle était bonne, c’est là qu’elle a rencontré son futur mari, un agent sportif, bourré aux as, elle a vite rendu son tablier.
Si Boquet dit la vérité, que de ragots viennent d’avoir le cou tordu.
-Comment réagit votre patron ?
-Il n’exprime jamais, il garde tout à l’intérieur, il a des origines siciliennes, je pense qu’il souffre, malgré le comportement de sa femme, il l’aimait, il lui cédait tout….Bon, je vous laisse le devoir m’appelle, Gilles m’attend.
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