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La mémoire oubliée

-Tiens, le fameux Rouletabille qui daigne rendre visite aux péquenots de Montlieu.

Je viens d’entrer dans le café de la Mairie à Montlieu, l’un des cinq débits de boissons encore ouverts dans ce bourg, chef-lieu de canton qui compte environ 4000 habitants.

Beaucoup de monde ce dimanche matin, de nombreux turfistes préparent leur tiercé, les discussions vont bon train et je constate avec plaisir que la page courses de la Gazette Républicaine est sur toutes les tables ou presque.

-Un accident, un incendie dans le coin ?

Je suis interpellé par un client accoudé au comptoir et c’est justement lui que j’espérais rencontrer.

-Tu paies un canon journaleux?

Je fais signe à Henri, le patron, de remplir le verre de Pierre Chauby, alias Pierrot, un gaillard qui peut me conduire vers son frère, ancien membre de la résistance.

-Tu viens faire un tiercé, tu as de bons tuyaux ?

-Si j’avais de bons tuyaux, je ne les divulguerai pas, sinon la cote de mon cheval baisserait.

Henri me fait signe de ne pas insister.

-N’entretenez pas la conversation, j’aimerais qu’il parte le plus vite possible, c’est bientôt la sortie de la messe et sa présence dérange mes bons clients d’apéro.

-Je vous dépose chez vous monsieur Chauby, je passe par là.

Les frères Chauby habitent à l’écart du bourg dans une ancienne maison de garde-barrière que Pierrot, maçon de profession a rénovée et agrandie.

-Vous êtes si pressé ? Oui ça marche, sinon je vais être en retard et le frangin va râler.

 

-Il trouve toujours un taxi pour se faire transporter celui-là, allez, va me chercher des patates à la cave, si tu veux manger à midi.

J’ai déjà rencontré Simon Chauby, notamment lors d’une remise de médailles, il avait été décoré par le député, je ne sais plus de quelle distinction, c’est la première fois que j’entre chez lui et j’ai un mouvement de surprise.

-Oui, je collectionne les armes, blanches et à feu.

Sur l’un des murs de la pièce principale, quelques sabres de toutes sortes sont accrochés.

-Au premier étage, j’ai des armes à feu, mais elles sont neutralisées.

-C’est votre participation à la résistance qui vous a donné cette idée ?

-Si l’on veut, j’ai commencé par récupérer quelques fusils allemands et américains puis j’ai continué, mais pas d’obus comme certains, je ne suis pas fou, je n’ai pas envie de faire sauter la baraque et moi avec.

Simon veut me montrer sa collection de l’étage mais Pierrot a faim.

-Revenez quand vous voulez monsieur Passy, je suis toujours à la maison ou dans mon jardin, derrière la haie.

Je promets, dans la perspective de parler des maquisards du secteur, de l’attitude du maire de Champbourg durant l’occupation.

…………….



22/02/2012
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