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La carrière blanche

Olivier est correct, il me rappelle et me fait part de l’avancement de l’enquête.

-Ils sont coriaces ces deux individus, les gravillons ? Bertin allait aussi à la STI et c’est vrai, sauf qu’il se rangeait sur un parking asphalté côté bureaux, mais bon, il pouvait aussi se promener dans la cour, c’était un homme de terrain, dixit Celli… le carton ! Vidal le reconnait, il l’a perdu quand les gendarmes l’ont convoqué dans la baraque pour reconnaître le corps de la jeune fille, il se défend bien, c’est probablement en sortant son mouchoir de la poche, il était en larmes … il nous faudrait retrouver la bicyclette, et rapidement, tant qu’on les tient.

-La gendarmerie nous avait demandé de lancer un appel à témoins concernant le vélo, à ma connaissance, aucun témoignage n’a été recueilli.

-En effet, et pourtant il ne s’est pas volatilisé, tu peux demander à ta rédaction de relancer cet appel ?

 

Il suffit souvent d’un hasard pour qu’une idée jaillisse, c’est en suivant un camion chargé de gravats qu’elle me vient en tête, le jour des deux crimes, plusieurs camions comme celui qui freine ma progression sont allés déverser leur chargement, dont celui de Marc Vidal, facile de transférer un vélo d’une fourgonnette dans la benne d’un camion et de l’enfouir ensuite sous des tonnes de cailloux.

 

Yves Fournon ne se souvient plus à quel endroit ont été vidés les camions de gravats ce jour-là.

-C’était souvent pour boucher des trous, des excavations, dans les champs et en forêt, je vous rappelle.

Le renseignement arrive rapidement, les camions ont été vidés sur le chantier de la future route de contournement, en remblais, Yves peut localiser à peu près le lieu.

-L’avancement des travaux est scrupuleusement rapportée, ce jour-là, c’était aux environs du kilomètre quatre, que comptez-vous faire, il faudrait des détecteurs à ferraille, par endroit il y a trois mètres d’épaisseur, ce ne sera pas évident de détecter un cadre de bicyclette, je suis à votre disposition, je suppose que vous allez voir ça avec les policiers ?

Olivier n’est pas enthousiaste.

-Toi et tes idées souvent farfelues, mais nous allons prendre le risque d’être ridicules, surtout pas un mot dans ton journal, sauf si découverte il y a.

 

Je suis tout de même invité à l’opération dirigée par le commissaire en personne mais, malgré un balayage sur plusieurs centaines de mètres, les détecteurs ne réagissent pas.

-Attendez, nous faisons fausse route !

Yves Fournon vient d’arriver, Olivier plaisante.

-Fausse route, c’est le cas de le dire, où donc est la vraie.

-J’ai appris par l’un de mes hommes que plusieurs camions de gravats ont été vidés dans un champ, à proximité du chantier de démolition, avec la panne d’un camion, il fallait rattraper le temps perdu, et comme un agriculteur voulait combler une fosse naturelle, c’était une occasion.

Guidée par Yves Fournon, l’équipe se présente chez l’agriculteur qui s’étonne de ce déploiement de force.

-C’était d’accord avec monsieur Bertin, je peux vous l’assurer, c’est vrai qu’ils sont venus le matin de sa mort, une coïncidence, le dernier camion, il était midi passé quand il est arrivé, je ne l’attendais plus, l’après-midi je crois que tous les chantiers de l’entreprise étaient arrêtés en raison de la mort du patron.

Le commissaire explique le but de cette irruption.

-Vous vous souvenez du chauffeur au volant du dernier camion ?

-Je ne le connaissais pas, c’était un véhicule de la STI, le chauffeur, un grand costaud, nous déjeunions, il est venu à la fenêtre et il m’a dit, ne vous dérangez pas, je sais où c’est, je me débrouille, il était sympa, il a même donné un coup de pelle avec mon engin pour étaler le chargement.

-Vous avez un tracteur équipé d’une pelle ?

-Indispensable dans notre métier.

-Vous pourriez creuser dans le remblai si c’est nécessaire ?

-Pas de problème, quand vous voulez, je vous montre le chemin, c’est à deux cents mètres d’ici, derrière la stabulation.

 

Cette fois l’un des détecteurs signale la présence de fer sous les gravats, les autres confirment.

-Je vais chercher le tracteur.

 



12/12/2011
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