L'araignée rouge (fin)
Les jeunes coupables avaient craqué, ils étaient quatre, fils de "bonne famille" dont deux majeurs à l’époque, Teddy Maréchal et Paul-Henry Lachet, la voiture entendue par madame Klein puis par d’autres voisins était pilotée par Teddy.
D’après les quatre récits plus ou moins identiques, ils étaient venus ce soir-là pour demander des explications à Karine qui venait de rompre avec l’un deux, ils avaient été mal reçus par la bande en place et avaient déguerpi.
Une heure après, ils sont revenus et ils ont aperçu Karine sortant de chez sa grand-mère pour emprunter le chemin menant vers le canal… La suite est lamentable, mais ils ont eu la présence d’esprit de cacher le scooter que Karine avait laissé dans le jardinet de sa grand-mère et de jeter le corps de la malheureuse dans le canal.
La suite est plus confuse, l’un des mineurs, certainement pris de remords se serait confié à sa mère en rentrant chez lui. Branle-bas de combat chez les membres de l’Araignée Rouge, il faut trouver un moyen d’éviter le scandale et il faut faire vite. Marie-Pierre a une idée lumineuse, elle a appris que Jacques Vallon va appareiller au petit matin, voilà un beau coupable, il suffit de le supprimer. Mais comment un tel scénario a pu être réglé dans ses moindres détails, il fallait un concours de circonstance inouï.
Le premier procès, celui de Julien Bollenger était clair, le maître-chanteur Louis Bourlon a été exécuté sur ordre des Araignées Rouges, l’arme utilisée était celle de Laure Maréchal, la plus performante et munie d’une lunette.
La même arme était au cœur du procès de Marie-Pierre de Launois qui n’était pas seule dans le box des accusées, les cinq autres membres de la confrérie que le Président du Tribunal a appelé plusieurs fois secte, l’accompagnaient.
Comme souvent quand des complices se retrouvent au tribunal, la solidarité vole en éclats, on apprenait que la principale accusée était venue rue du Canal le samedi après-midi, en visite chez la voisine de Jacques Vallon, cette dame était secourue par le CCAS, ayant des problèmes financiers, elle était sous la menace d’une coupure de gaz. La dame curieuse avait remarqué les allées et venues de son voisin, chargeant sa voiture à deux reprises et prenant la route du port. Madame de Launois connaissait l’existence de la remise surmontée d’un fenil, proche du canal, un endroit idéal pour abattre le marin. Empruntant l’arme de Laure Maréchal, véhiculée par Annie Lachet et avant le lever du soleil, elle venait se poster dans le grenier, attendant pendant deux heures le passage du bateau.
Comment a-t-elle quitté ce lieu sans être vue ? Elle n’a rien voulu dire à ce sujet, bénéficiant sans doute d’une complicité qui lui a permis de se cacher en attendant que le quartier redevienne calme.
Autre volet de ce procès, la culpabilité collective de ces dames concernant la mort de Louis Bourlon, l’accusation estimant que ce crime n’était pas seulement liée à un chantage mais que la victime connaissait la vérité sur l’affaire Chaloux/Vallon, son agressivité envers Sylvain Vallon et moi-même le prouvait et d’autres preuves ont été fournies en cours d’audience. La défense a protesté mais lors du verdict, ce complément a pesé dans la balance, Marie-Pierre a écopé de quinze ans de réclusion, ses comparses de dix ans. Maître Lagnier a été dans sobre dans son intervention, mais elle n’a pas ménagé ces viragos qui règlent a-t-elle dit, leurs problèmes de femmes et de mères à coups de carabine. Sylvain, a suivi le procès d’un bout à l’autre, digne et soulagé d’avoir réhabilité la mémoire de son père.
Quant au troisième procès, je m’abstiens d’en parler, je souligne simplement la grande dignité des parents de Karine, acceptant le pardon des jeunes accusés, le couple avait quitté St Jean six mois après le drame, ne voulant plus vivre dans cette ville maudite pour eux.
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