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La carrière blanche

Je savais que l’inspecteur Olivier allait tout d’abord me questionner sur une affaire d’escroquerie aux assurances en raison de mes derniers articles où j’apportais quelques données inédites.

-Tu peux me dire où tu as récolté ces infos, les enquêteurs de la brigade financière sont étonnés aussi.

-Je ne suis pas obligé de te répondre…Avoue qu’elles tiennent la route.

-C’est bien ce qui nous chagrine, quand voudras-tu m’expliquer d’où viennent tes sources…

-Vous avez eu les mêmes renseignements, alors !

 -D’accord, mais deux jours plus tard, enfin, nous en reparlerons !

-Tu vas avoir un nouveau motif de mécontentement, j’aimerais de te parler encore de l’affaire Guy Bertin.

-Je me doutais que tu avais de bonnes raisons d’en reparler dans les colonnes de ton canard, c’est mon jour de bonté, je t’écoute !

Je dévoile le résultat de mes recherches, sans entrer dans les détails et sans conclure, Olivier et les policiers en général ne supportent pas.

-Un scénario bien monté, si je résume, Guy Bertin passe par hasard du côté de la carrière, il aperçoit une fourgonnette de son entreprise près de l’ancienne baraque de chantier, il pense de suite aux voleurs de matériaux et il décide de les surprendre… Ce qu’il découvre est tout autre et cette découverte lui est fatale.

-Ou alors ce n’est pas par hasard qu’il entre dans la carrière, propriété récente de la société Montimmo et future implantation d’un complexe immobilier, un repérage en quelque sorte.

-Ah bon ! Explique-toi… Je me disais aussi, si ta version est bonne, les gaillards n’auraient pas laissé leur véhicule en vue de la route, nous allons faire un tour, il me semble qu’un monticule de terre situé près de la baraque pourrait servir de planque.

-Et les traces sur le tapis de sol du 4/4 ?

-Justement, nous allons en profiter pour prendre un échantillon de  terre à la carrière puis nous irons au garage gratter le tapis de sol…Enfin quand je dis nous, ce sont nos spécialistes qui vont se charger de ce travail…C’est bon, je te tiens au courant.

Je n’avais rien demandé, mais l’inspecteur sait que le résultat de l’analyse m’intéresse.

 

J’ai un peu de temps devant moi, je devance les policiers, je fais un crochet par la carrière et, en effet, je constate qu’il est impossible de voir un véhicule stationné derrière le mini terril  en passant sur la route, même un camion serait invisible. Sans aucun doute, Guy Bertin s’est avancé dans la carrière, il a du être surpris en découvrant la fourgonnette de son entreprise dans cet endroit insolite et il a supposé que c’était un relais pour du matériel volé.

Plusieurs camions de gravats ont été déversés à l’entrée du chemin pour mettre fin à une curiosité malsaine, les jours suivant la macabre découverte,  malgré l’interdiction et les barrières de plastique, cet endroit tragique était fréquenté par de drôles de touristes, même des enfants accompagnaient les adultes, la bêtise humaine est sans limite.

Je descends  et contourne les buttes de cailloux, j’ai le cœur serré, je revis ce jour maudit, après le choc de la veille, c’était un traumatisme, même Benoit, pourtant confronté aux dures réalités des accidents de la route avait l’appareil photo hésitant. La porte de la baraque est ouverte, elle l’était quand nous sommes arrivés, alors que la victime venait d’être transportée vers la morgue.

Je monte sur l’escalier de trois marches en bois et jette un coup d’œil à l’intérieur, ce lieu isolé doit servir de refuge pour quelques vagabonds, des bouteilles vides, des mégots et des papiers traînent sur le sol.

C’est en sortant que mon regard est attiré par un morceau de carton se trouvant sous la dernière marche.

Je l’extirpe délicatement entre deux doigts, je distingue, sur une face, des chiffres et des lettres presqu’illisibles, une écriture au crayon de papier. Ce carton a peut-être été perdu par le coupable, ou par Guy Bertin ?

 

Je veux en avoir le cœur net, je passe au siège de l’entreprise Bertin et demande à voir Yves Fournon.

Connaissez-vous cette écriture ?

-C’est un peu délavé, mais ce n’est pas celle du patron, j’en suis certain, et puis ce n’était pas son habitude d’écrire sur un carton, il avait toujours un ou deux carnets dans ses poches.

-A votre avis que représentent ces chiffres et ces lettres ?

-Un code, peut-être celui d’un coffre-fort ? Ou plutôt la référence d’une pièce, c’est bien possible.

La référence d’une pièce ! Je pense à la panne du camion, Vidal et Celli allant chercher une durit au garage de la STI.

-Vous connaissez Marc Vidal ?

-Il est chauffeur à la STI, une société que nous sollicitons quand nous avons des transports urgents à effectuer et que nos camions ne suffisent pas…Figurez-vous que nous avons pensé à lui au sujet des vols de matériaux, c’est un ami de Celli…C’est aussi le beau-père de la jeune fille retrouvée morte dans une baraque de la carrière il me semble.

-Exact.

Yves me donne l’adresse de la Société de Transports Internationaux, j’ai ma petite idée.

 



08/12/2011
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