L'escarpin et la charentaise
L’Escarpin et la Charentaise
Dans un placard cohabitaient
Un escarpin et un chausson
Pour leur maîtresse ils prodiguaient
Une très grande admiration
L’escarpin était dédaigneux
Jugeant son voisin démodé
Il se croyait bien plus précieux
Que cet étui à pieds fourré
Ensemble, ils passaient la nuit
Quand la dame allait se coucher
Dès qu’ils n’entendaient plus de bruit
Ils commençaient à discuter
-Je vaux beaucoup plus cher que toi
Je mets ses jambes en valeur
Dans les fêtes, je suis le roi
Je lui donne de la hauteur
-Tu n’entends pas ses réflexions
Quand elle vient de te quitter
Elle est heureuse à la maison
De pouvoir enfin m’enfiler
-Je soulage ses p’tits petons
Par toi même martyrisés
Elle se trouve bien en chaussons
Ses orteils enfin reposés
Le temps passait et vint le jour
Où l’escarpin fut dédaigné
Il se retrouva dans la cour
Avant de se voir collecté
Le chausson, lui, continuait
A remplir sa noble mission
Pendant des années, il servait
A protéger sans ambition
Voici une belle leçon
Car ceux qui trop souvent se vantent
Un jour sont virés sans façon
Alors que les modestes chantent
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