Le tribunal des animaux

Ah ! S’il avait vu ça, monsieur de la Fontaine

Se servant d’animaux pour asseoir son succès

Venant de la forêt, de l’étang, de la plaine

Ils s’étaient réunis pour faire son procès

La Fourmi la première avait des doléances

-Me traitant d’égoïste il me fait bien du tort

Je suis montrée du doigt et pendant mes errances

Je suis mise à l’écart, je vis un triste sort

Mécontente elle aussi son amie la Cigale

-Dire que tout l’été je ne fait que chanter

C’est un brin méprisant, j’ai une autre morale

Je sais me débrouiller sans avoir à quêter

C’est au tour du Corbeau venu aussi se plaindre

-Il croit ce cher monsieur que je suis un idiot

Je connais le renard habitué à feindre

Et puis je ne suis pas mangeur de livarot

En roulant ses gros yeux madame la Grenouille

Coasse bruyamment -Jamais je n’aimerais

Me gonfler à ce point, je ne suis une andouille

Et grosse comme un Bœuf, comment je nagerais ?

Ce fut un défilé d’animaux en colère

L’Agneau et le Héron, la Belette et le Rat

Chacun en rajoutait, c’était la surenchère

C’est à qui se plaignait de multiples tracas

Le Renard arriva, sa lippe était moqueuse

-Mais on parle de vous, soyez au moins content

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Envers cet écrivain, je suis reconnaissant

Un tollé général, désaveu unanime

-C’est trop facile à dire et on n’est pas surpris

Le beau rôle tu as, rusé et magnanime

Pour tous les écoliers, tu es le favori

Le Renard persifleur détala en vitesse

Subissant le courroux des plaignants complexés

Il échappait ainsi à la mort de justesse

Se rendant compte enfin qu’il les avait vexés