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L'araignée rouge

Je programme une nouvelle expédition à St Jean, j’ai téléphoné au marchand de chaussures, son fils est d’accord pour me parler, je lui propose un rendez-vous dans un bar.

-Plutôt chez mes parents, je ne veux pas être vu avec vous dans un café, vous passez par le magasin.

 Je trouve difficilement une place pour me garer place de la Fontaine, comme la fois précédente des gamins sont assis sur la pierre qui borde le bassin.

Monsieur Bouchard me guide vers l’appartement situé au-dessus du magasin de chaussures, Hervé m’attendait.

-Vous connaissez les gens d’ici, si je suis vu avec un journaliste, je risque des ennuis.

-A ce point !

-Pire, c’est bien parce que vous êtes recommandé par monsieur Klein, que voulez-vous savoir exactement ?

-Vous étiez dans la rue du Canal, le soir du drame ?

-Non, je devais venir mais j’avais un mal de crâne terrible et comme une sortie était prévue, je ne me sentais pas en forme.

-Une sortie en dehors de St Jean ?

-Oui, à Bormont.

-Je vois, la fameuse boite de nuit.

-Vous connaissez, c’est le rendez-vous de tous les jeunes de la région, c’est super, on s’éclate.

-Et Karine, elle était aussi de la promenade ?

-D’habitude, elle montait derrière moi, sur ma moto mais comme j’étais absent, elle devait prendre son scooter.

-Mais elle n’avait pas assez d’essence.

-C’est ce que m’ont raconté les potes, elle a demandé aux voisins, personne n’en avait.

-Dont monsieur Vallon.

-Il paraît, où voulez-vous en venir, moi je ne sais rien de plus.

-Finalement la balade a été annulée je suppose.

-Oui.

-Et le groupe est resté dans la maison Thomas.

-Je pense.

-Vous avez discuté avec vos copains, ils vous ont parlé de cette soirée.

-Vaguement, pour nous la mort de Karine, c’était un coup dur.

-Elle avait dit à l’éclusier qu’elle couchait chez sa grand-mère.

-C’est juste, mais elle la feintait, elle rentrait et comme la grand-mère se couche de bonne heure elle ressortait.

-Quand il y avait une sortie.

-Pas obligatoirement, dès fois on restait jusque minuit passé dehors.

-Plutôt dans la maison abandonnée ?

-Ouais… Moi je ne crois pas que c’est le marin qui a fait une chose pareille, monsieur Klein non plus il ne le croyait pas, il vous l’a dit ?

-Dans votre groupe ?

Hervé sursaute.

-Ca va pas, non, c’était une bonne copine.

-D’autres jeunes, venant d’autres quartiers ?

-Ceux des Vergers venaient nous cassez les pieds mais on savait se défendre.

-Les Vergers, c’est dans ce quartier qu’habitent les parents de Karine.

-Oui, mais elle ne les fréquentait pas… Je vous ai dit ce que je savais.

-Sa grand-mère, elle habitait à quel numéro rue du Canal ?

-Au 24, juste après le garagiste en venant d’ici.

-Une araignée rouge, ça vous dit quelque chose.

Hervé sursaute à nouveau.

-C’était comme le symbole des royalistes de St Jean, mais avant la Première Guerre mondiale, c’est de l’histoire ancienne.

-Et pourtant ce symbole est encore en vigueur, parait-il?

-Pour s’amuser, moi aussi, avec des copains j’ai dessiné des araignées rouges au bahut.

 

Je remercie le jeune homme, je me demande si les enquêteurs étaient au courant de ces données, la quête d’essence était justifiée, Karine a quitté ses copains pour aller chez sa grand-mère, puis sans faire de bruit elle est ressortie pour retrouver le groupe.

Je vais faire un tour rue du Canal, voir quel chemin Karine pouvait prendre pour revenir dans la maison Thomas, je suppose qu’elle évitait la rue au retour.



01/01/2012
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