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L'araignée rouge

Quelques jours plus tard, j’étais rassuré, Jean Leguen réussissait à obtenir les renseignements utiles, à quelques centimètres près l’étiage est le même qu’il y a trois ans.

L’ancien éclusier se souvenait de ce jour, il connaissait la jeune fille et le marin, il avait été choqué de vivre cet événement dramatique.

-Il avait témoigné en faveur de Jacques lors de l’interrogation des gendarmes mais son témoignage était contredit par d’autres.

Le gérant du port préparait la Marie-Jeanne pour cette expédition, Sylvain venait l’aider à remettre les appareils en état, quelques achats étaient nécessaires.

 

Jean Leguen avait raison, à neuf heures du matin, Alex, son ancien adjoint, avait déjà une haleine alambiquée, son cerveau aussi.

-Moi je m’en rappelle pas qu’il m’a prévenu, je l’aurais noté, les proprios ils faisaient ce qu’ils veulent, et puis j’veux pas d’histoire.

-Les gendarmes vont ont interrogés ?

-J’travaillais pas le samedi, y avait personne au port, les proprios ils faisaient ce qu’ils veulent que j’leur ai dit, le Breton était en voyage, ce salaud il m’a foutu à la porte quand il est rentré.

 

Il fait frisquet ce matin, une brume légère flotte sur le canal, le démarrage du moteur a été laborieux mais il tourne, monsieur Magnien nous accompagne, seulement il décline l’invitation à embarquer.

-J’ai le mal de mer rien qu’en voyant un bateau, je vous attends à l’écluse.

Sylvain est tendu, je le suis aussi. Les deux kilomètres qui nous séparent de l’écluse semblent interminables.

-Je ménage le moteur, ce serait dommage qu’il nous lâche avant d’atteindre notre but.

Jean Leguen est secondé par un employé du port.

Les quelques pêcheurs matinaux doivent nous maudire, nous provoquons des remous et passons lentement.

Nous longeons un quai encombré de tas de sable et de gravats puis les premières maisons à gauche, le chalet des parents de Sylvain, leur garage proche, d’autres maisons et l’écluse est en vue, Jean ralenti encore. A droite apparaît la masure, elle me semble plus éloignée que sur la terre ferme et plus nous avançons, plus elle disparaît à notre vue, même Sylvain, plus grand que moi ne distingue qu’une partie de l’étage. Cette fois nous sommes à l’endroit indiqué par l’éclusier et nous stoppons. Si le tireur était à droite comme l’affirme l’hypothèse retenue, c’était un acrobate et un risque-tout, car il fallait qu’il soit perché sur le mur lézardé de la bicoque ou sur la cheminée. Par contre, à gauche, derrière le fouillis d’arbustes, nous distinguons les étages des maisons.

Jean Leguen nous demande de nous déplacer vers la gauche.

-En supposant que le bateau était déporté vers bâbord.

La différence est faible, c’est tout juste si nous apercevons le linteau des fenêtres de la masure.

-Je vous débarque, nous laisserons la Marie-Jeanne au port de Marcourt, elle sera plus en sécurité, mon collègue nous véhiculera pour le retour.

Une habile manœuvre et l’embarcation vient à quelques centimètres de la berge, Sylvain et moi sautons sur le bord, le patron nous attendait.

-Alors, votre conclusion ?

Nous sommes ennuyés, si effectivement, le tireur ne pouvait se trouver à droite, à gauche, avec le rideau d’arbustes, il n’aurait eu aucune visibilité.

-Il y a trois ans, la végétation était peut-être moins épaisse ?

Monsieur Magnien se veut rassurant.

-D’autant plus que ce sont des sureaux, ces arbres croissent rapidement, j’en ai dans ma propriété, ce sont de vrais poisons.

Nous ne demandons qu’à le croire.

Une grosse maison semble abandonnée, elle fait l’angle avec le chemin menant à l’écluse, c’est dans son jardin que poussent les sureaux.

Si nous allions faire un tour dans cette habitation ?

Je suis partant. 

-Regardez la fenêtre du haut, l’impression qu’un guetteur nous observe.

Une ombre se profile derrière la vitre.

Nous franchissons un mur de pierre, monsieur Magnien  nous laisse faire.

-Je suis un peu rouillé pour faire de l’escalade, je vous attends dans la voiture.

Le jardin est une véritable jungle, des framboisiers et des muriers retiennent notre progression, nous arrivons devant une véranda où ne subsiste que l’ossature métallique, des éclats de verre jonchent le sol. Une porte-fenêtre est ouverte, nous entrons dans une grande pièce. Le parquet cède nos pas, des lambeaux de papiers peints pendouillent, l’endroit est sinistre. Nous abordons un escalier en bois, il craque de partout et nous débouchons sur un palier.

-Le guetteur était à la fenêtre la plus à droite, donc celle de gauche, allons voir.

Nous pénétrons dans une pièce encore plus délabrée que les autres, le plafond est à demi écroulé, un coffre et un morceau de rideau épais barrent la fenêtre.

-Le voici notre guetteur.

Je regarde à l’extérieur, malgré les branchages, je vois le canal en amont, le bateau descendre dans l’écluse et je distingue parfaitement les deux mariniers.

-Voilà un endroit idéal pour se poster, en supposant que les arbres étaient moins hauts.

Sylvain cherche un indice éventuel, une douille peut-être.

-Le tireur est un pro, il n’a rien laissé traîner.

Nous allions sortir par la rue mais je me ravise.

-Si des voisins nous aperçoivent, ils vont appeler la police.

Nous reprenons le chemin à l’envers et, nous n’avions pas remarqué en entrant, au bout du jardin voisin, nous découvrons une remise surmonté d’un grenier.

-Et si le tireur s’était planqué dans ce fenil ?

-Encore plus proche du canal.

Nous sommes tentés d’aller voir ce petit bâtiment de plus près mais la maison voisine est occupée.

-Par la fameuse voisine qui voit tout de ses fenêtres je suppose.

………..



26/12/2011
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