Motsetphotos

Motsetphotos

Un second souffle

- Une dame pour toi au téléphone.

Je viens de terminer mon déjeuner, Simone vient me trouver.

La dame en question est Yvette Lenoir.

 - Après votre visite et votre demande concernant le grand-père, j'ai fouillé les tiroirs, nous n'avions pas tout liquidé, il restait des papiers concernant des achats de terres, des lettres du notaire, diverses correspondances et il me semblait avoir vu une enveloppe différente des autres, je viens de regarder, c'est une lettre de votre père; je ne peux vous résumer ce qu'elle dit par téléphone, il  faudrait que l'on se rencontre, que je vous la montre.

- Je peux venir chez vous tout de suite si vous le désirez?

- Non, je n'y tiens pas, je profite qu'Yves est dans la grange pour vous appeler, je préfère ne pas lui montrer cette lettre, je le connais bien mon homme, il serait capable de la supprimer, il a horreur des histoires, j'ai une autre idée, je peux venir à l’hôtel, j'ai un motif valable, je dois voir madame Lavigne, ma fille va bientôt se marier et nous allons faire la noce au restaurant, vous êtes là cet après-midi?

Elle a changé de look la paysanne, j'aurais eu des difficultés à la reconnaître, ses cheveux lavés de frais, son petit ensemble estival, un brin de maquillage, ses chaussures mode lui donnent une allure engageante.

Nous nous installons dans le petit salon sous oeil interrogateur et inquiet de l’hôtesse.

- Vous avez déjà une fille en âge de se marier ?

- J’ai quatre ans de plus qu’Yves, j’avais déjà ma fille quand je me suis mariée...une bêtise, quand on est jeune...Voilà ce que j'ai trouvé dans un tiroir, il ne l'avait pas mélangée aux autres, heureusement.

Je déplie doucement une feuille un peu jaunie, j'ai déjà reconnu l'écriture de mon père sur l'enveloppe, une écriture régulière, des majuscules harmonieuses.

- Alors, cela répond un peu aux questions que vous vous posez.

Effectivement, et je m'en doutais, Cécile Fontaine est le principal sujet de cette  réponse à une lettre de son ami, mon père avait été averti de l'accusation et il avait voulu savoir qui était l'auteur de l'agression, il emploie même le mot de viol,  il ne pouvait accepter d'être accusé à tort.

- Apparemment ces deux hommes-là étaient innocents puisqu'ils étaient à proximité l'un de l'autre et qu'ils se parlaient régulièrement au cours de la battue.

- Ils innocentent également Albert Vignon qui se trouvait au-delà de leur position.

Yvette a saisi le sens de certaine phrases, les suppositions des deux hommes concernant leurs acolytes, estimant que les trois autres pouvaient être responsables solidairement.

Cette nouvelle me réconforte, pour un peu j'embrasserais la paysanne.

- J'ai bien fait de vous montrer ceci?

- Bien entendu, je vous en remercie.

- Si vous rencontrez  mon mari, ne dites rien, éviter de parler de cette lettre,  je vous l'ai dit au téléphone, c'est un gars d'ici, il ne voudrait pas que l'on remue des souvenirs peu glorifiant pour Hauréville, mon beau-père parlait quelques fois des Fontaine et il évoquait le cas de Cécile, il n'avait que seize ans quand elle a accouché et qu'elle en est morte mais il se souvenait encore des remous qui avaient secoué le village, des accusations multiples.

- Dans quelle rue habite la fille de Vignon?

- Vous voulez rencontrer le vieil Albert? je crois que cela ne vous apporterait rien,  il est complètement retombé en enfance, il sera incapable de vous donner le moindre renseignement; et puis cette information devrait vous suffire.

Yvette a raison, j'ai la quasi certitude que mon père ne faisait pas partie des violeurs et c'est ce qui me préoccupait.

- Si par hasard j'apprends autre chose ou si je retrouve un autre document, je vous tiens au courant, je vous laisse cette lettre, elle vous appartient plus qu'à nous...et surtout pas un mot à Yves, ni à personne, je vous fais confiance.



10/11/2012
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 10 autres membres