Il pleut sur ma mémoire
Il pleut sur ma mémoire
Il pleut sur la campagne, où donc est la bergère ?
Je ne vois plus son chien, ni ses moutons bêlants,
Elle a quitté ses près pour devenir caissière,
Dans un supermarché, bien loin de ses galants.
Il pleut sur les dimanches, où sont les demoiselles ?
Où donc est le soleil qui brillait dans leurs yeux ?
Elles ont délaissé les cours et les ruelles,
Qui le soir résonnaient de leurs rires joyeux.
Il pleut sur la forêt, sur tout le territoire,
Que devient loin de tout le modeste ruisseau,
Le gué de la fontaine où l’oncle faisait boire,
Les vaches et les veaux de son petit troupeau ?
Il pleut sur le jardin, rouille la balancelle,
Les enfants sont partis vers d’autres horizons,
L’âme d’un amoureux rôde sous la tonnelle,
Cherchant le temps perdu de ses belles saisons.
Il pleut sur le verger, tombe la mirabelle,
La pomme se morfond, le ver est dans le fruit,
Dans le vieux cabanon où repose l’échelle,
Les gouttes sur le toit font un énorme bruit.
Il pleut sur les maisons, sur le toit de l’église,
Où les cloches d’airain ne sonnent que le glas,
Le village oublié tout doucement s’enlise,
Au creux de son vallon, attendant le trépas.
Il pleut sur mon passé, il pleut sur ma mémoire,
S’effacent doucement de tendres souvenirs,
Le vent chasse les jours d’un présent illusoire,
Sans me donner la clé des proches avenirs.
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