Verdun 21.02.1916
Verdun, lundi 21 février 1916, 7 heures du matin.
<Comme chaque jour, je viens prendre mon poste de guetteur dans une tour de la cathédrale, notre groupe est chargé de signaler les impacts d’obus tombant sur la ville>. Paulin, mon grand-père, a 35 ans, blessé à la tête dès le début de la guerre, père de quatre enfants, il est affecté dans une unité non combattante. <Je remplace Marcel qui n’a signalé aucune chute d’obus sur la ville, ce qui est rare, les artilleurs sont au chaud certainement, il fait froid et la neige est annoncée dans les jours prochains>.
7 heures 15…<Je sursaute, l’horizon s’éclaire brusquement, un vacarme assourdissant suit, je reconnais des gros calibres, les 150 et les 210>. En quelques minutes, c’est l’apocalypse, un roulement continu, une pétarade dantesque. Plusieurs obus commencent à pleuvoir sur la ville, Paulin ne compte plus les impacts, deux camarades viennent le rejoindre, suivis par le chef de poste. Les quatre hommes ont les yeux braqués vers la ligne de front qui s’est embrasée sur quarante kilomètres de large. Les troupes actuellement en ligne avaient transité par la citadelle, les guetteurs les connaissaient. <Les gars du 30ème corps, ceux des 51ème et 72ème division>. La grande offensive sur Verdun débute, les allemands pilonnent les postes avancés et les arrières sans discontinuer, un déluge d’acier. Les artilleurs Français ripostent timidement, les troupes basées à Verdun et dans les environs se préparent à monter vers le champ de bataille. Dès que l’artillerie se sera tue, les fantassins ennemis vont passer à l’attaque, personne n’en doute. La tour de guet est très fréquentée, plusieurs officiers font des commentaires. <Ils canardent plutôt nos arrières, pour isoler nos premières lignes, pour empêcher la montée de renforts>. Vers 11, Paulin descend et rejoint les galeries de la citadelle, son poste d’attache, il reprendra son poste vers 16 heures. <En bas le bruit est pire qu’en haut>. La température remonte, le ciel se couvre, les chutes de neige annoncées se précisent. Les premières nouvelles du front arrivent, les dégâts ne seraient pas aussi graves qu’imaginés, beaucoup d’imprécision, et puis, après la visite d’un avion espion la veille, ordre avait donné de bouger, de dégager certains points sensibles. 17 heures 05…d’un seul coup, après 10 heures de pilonnage, presque un silence, seules retentissent quelques explosions lointaines. <Ils vont attaquer>.Les militaires qui ne sont pas en service s’agglutinent à proximité du service transmission, les nouvelles du front arrivent par bribes. <Boulengé et Chrétien tiennent bon, Driant résiste dans le bois des Caures>. Tout de même, le bois d’Haumont est aux mains des Prussiens. <Ce n’était pas une position facile à défendre, mieux valait se replier>. Paulin dort peu et il doit reprendre son service à 7 heures.
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