L’homme oublié

Sachant depuis toujours qu’il était oublié

Que son morne chemin était l’unique voie

Sans fleurs, sans oiseaux, à la terre lié

Il n’avait pas connu ni l’amour, ni la joie

Il marchait lentement tout en courbant le dos

En fuyant le soleil pour en épouser l’ombre

Buttant sur les cailloux, essuyant tous les maux

Devant lui arrivait un avenir en sombre

Il ne croyait en rien, perdait le goût de tout

Traînant son désespoir, sa grande solitude

Il attendait la fin, il attendait le bout

Pour lui la mort était l’unique certitude

Il était ignoré dans ce monde agité

Et n’avait rien laissé dans son triste sillage

Il a quitté la route un beau jour en été

Qui se souvient encor de son dernier passage ?