Hou ! le fantôme

Je suis le voyageur de la nuit, solitaire,

Je fuis le chaud soleil, l’insolente clarté,

Je suis un revenant, je porte mon suaire,

Dans les chemins perdus de votre société.

La lune est mon amie et l’ombre mon domaine,

Je parcours les endroits que j’avais fréquentés,

Je vais sans m’arrêter, de Bretagne en Lorraine,

Traverse les saisons des hivers aux étés.

Je traîne des boulets, lourds de mes habitudes,

Et des chaînons d’acier lestés d’incertitudes,

Geignant lugubrement, j’effraye les vivants.

Me voici condamné à l’éternel monôme,

Tremblez riches bourgeois, tremblez pauvres manants,

Je suis un ectoplasme, un terrible fantôme.