Le sot et la montagne
Le Sot et la Montagne
La sottise n’est point réservée aux ignares
Elle affecte parfois même des érudits
Ceux qui sont dans ce cas accumulent les tares
Qui les font devenir jaloux et déconfits
Un sot de premier cru se croyait un génie
Il se voyait déjà au plus haut des sommets
Il était agrégé, mais en géographie
Ne savait situer, l’Oural et le Tibet
Sa belle faconde ne cachait qu’une envie
Devenir important, recevoir des honneurs
Il espérait entrer même à l’académie
S’imaginant pétri de toutes les valeurs
Voulant escalader une haute montagne
En se passant de guide et sans être équipé
Il s’entraîna d’abord sur un mont de Limagne
C’est dire le degré de sa stupidité
Il n’allait pas bien loin dans sa folle aventure
Buttant sur un caillou, il se cassait le nez
Son espoir insensé de vaincre la nature
Echouait bêtement un dimanche d’été
Se prendre pour un aigle et voler vers les cimes
Quand on a les moyens d’à peine un roitelet
C’est retomber bien vite au profond des abimes
Il vaut mieux dans ce cas savoir rester discret
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